Conférencières

Geneviève BRIET & Valérie COLLIGE-NEUENSCHWANDER

Institut des langues vivantes (Université catholique de Louvain, Belgique)

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L'apprentissage de la prononciation :  l'acquisition d'un nouvel ego phonétique selon une dynamique "corps-tête-choeur"

Dans cette conférence, nous verrons en quoi l’apprentissage de la prononciation en langue étrangère diffère de celui du vocabulaire et de la grammaire. Elément linguistique à la croisée du mental, du physique et de l’affectif (Lauret, 2007), la prononciation de la langue étrangère implique une déterritorialisation (Deleuze, 1972) nécessaire pour gagner un nouvel ego phonétique (Briet, 2014). Dès lors, à un apprentissage focalisé sur les paires minimales de sons, nous préférons prendre du plaisir à nous immerger dans le paysage sonore (Lhôte, 1987) du français.  Nous préconisons une dynamique « corps-tête-chœur » pour apprendre la prononciation en classe.  Notre approche privilégie l’appréhension et l’acquisition de la prononciation par différents  mouvements  corporels classés en sept catégories. Enfin, dans une atmosphère détendue et dynamique, cette pratique en orchestre s’avère rassurante et stimulante.

 

Maria CANDEA

CLESTHIA (Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3, France)


MC 

Apports des études perceptives à la compréhension de la variation sociophonétique

Dans un premier temps, les études variationnistes se sont concentrées sur la mise en évidence de facteurs de variation précis, rendus lisibles grâce à des méthodes de simplification des données : choisir les vieux messieurs non mobiles d’un village pour étudier la prononciation dialectale (Chambers & Trudgill 1980), faire lire un texte à haute voix pour étudier le style surveillé de prononciation (Labov 1972), etc. L’ouverture vers des données écologiques d’une grande diversité a suscité une complexification des modèles, a remis en question la robustesse des facteurs dégagés et a renouvelé les débats sur les données issues de corpus versus terrains (Cappeau & Gadet 2007). Dans cette conférence je vais m’intéresser à l’évolution parallèle des études sur la perception des locuteurs à travers leur parole, à partir de méthodes simplifiées, avec des stimuli fabriqués pour l’expérimentation (comme chez Lambert et al. 1966, ou Rubin 1992), vers des méthodes faisant une plus grande place à la complexité et privilégiant l’utilisation de stimuli prélevés dans des productions de parole en situation naturelle (Boughton & Armstrong 2002, Hay & Drager 2007, Arnold & Candea 2015, par exemple). Les apports des études perceptives plaident pour une prise en compte systématique de la perception en complément de toute étude de la production de parole, pour la compréhension globale des enjeux lors d’une interaction orale. Cela pose des questions nouvelles en méthodologie, en particulier la question  de savoir s’il est possible d’étudier la perception sur le terrain.

 

Claire PILLOT-LOISEAU

LPP  (Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3, France)

CPL 

« Opinions, ressentis et représentations d’apprenants sur la prononciation du FLE : comparaison avant / après formation »

La prise en compte des opinions des apprenants et des émotions qu'ils peuvent ressentir vis à vis de la production et de la perception des sons d'une langue étrangère, est une donnée importante à prendre en compte dans la médiation de la prononciation: les variations socio-affectives semblent avoir plus de poids que les variations socio-culturelles pour l’apprentissage d’une langue (Schuman, 1975). Considérer le ressenti et les émotions des apprenants d’une langue étrangère permettrait de « changer les dimensions psychologiques et sociales de leur vision de la prononciation de la nouvelle langue » (Lauret, 2007) ; il s’agit d’éléments fondamentaux pour mieux comprendre le profil de chacun de ces étudiants. Ces opinions et ressentis évoluent-ils entre le début et la fin d’une formation de 12 semaines consacrée à l’apprentissage du Français Langue Etrangère (FLE) ? 90 apprenants du FLE d’origines linguistiques diverses ont répondu à un questionnaire avant et après ce cours : après cette formation, 83% des sujets interrogés trouvent les voyelles françaises plus belles, contre 69% avant ces douze semaines. Pour 18% d’entre eux, la prononciation du FLE leur était initialement une grande souffrance, contre 3,7% après. Quand ils parlent français, ils décrivent la position de leur bouche et leur énergie avec 50% de plus de termes positifs après la formation comparativement à avant (« bouche détendue », « énergie en forme »). Ces résultats seront présentés en lien avec le profil linguistique de ces apprenants, et il sera abordé la nature des moyens pour les aider à positiver leurs opinions, ressentis et représentations relatifs à la prononciation du FLE.

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